La maltraitance envers les personnes âgées ou handicapées est une réalité préoccupante, et en tant qu’auxiliaire de vie, vous êtes en première ligne pour la détecter et y répondre.
Cet article vous guide dans l’identification des formes de maltraitance, les signaux d’alerte, et les étapes concrètes pour agir, afin de garantir la sécurité et le bien-être des personnes que vous accompagnez.
La maltraitance envers les personnes âgées recouvre tout acte, manque de soin ou négligence susceptible de porter atteinte à leur santé, à leur dignité ou à leurs droits. Elle peut prendre différentes formes et toucher des personnes en perte d’autonomie, aussi bien à domicile qu’en institution.
Identifier les formes de maltraitance
Voici les principales formes de maltraitance, accompagnées de leurs signes spécifiques. Les auxiliaires de vie jouent un rôle crucial dans leur identification.
- Maltraitance physique
La maltraitance physique inclut tout acte de violence corporelle. Elle se traduit par des signes visibles, comme des ecchymoses ou des fractures, et des signes indirects, comme une réticence à être touché.
- Maltraitance psychologique
Cette forme de maltraitance implique des paroles ou comportements menaçants, humiliants ou de l’isolement. Les signes incluent un repli sur soi, de la dépression, ou des troubles de la mémoire exacerbés par l’anxiété.
- Maltraitance médicale
Elle inclut la privation de soins ou de traitements médicaux, souvent par négligence ou manque d’attention aux besoins de la personne. Cela peut se manifester par des problèmes de santé non résolus, une mauvaise gestion des médicaments, ou des rendez-vous médicaux manqués.
- Maltraitance financière
La maltraitance financière concerne l’exploitation des biens ou de l’argent de la personne âgée sans son consentement. Des retraits d’argent injustifiés ou la disparition d’objets personnels peuvent indiquer ce type de maltraitance.
- Maltraitance civique
Elle empêche la personne de jouir de ses droits fondamentaux, comme le droit de voter ou de participer à la vie sociale. Des restrictions de sorties ou d’accès à certaines activités peuvent signaler une atteinte à ses droits civiques.
- Maltraitance organisationnelle
En institution, la maltraitance organisationnelle résulte de mauvaises pratiques ou de l’absence de soins adaptés. Par exemple, des repas non équilibrés ou à des horaires inadaptés, une insuffisance d’activités sociales peuvent en être des signes.
Négligence Active et Passive ? Les négligences peuvent être actives ou passives. Cela constitue également une forme de maltraitance :
Négligence active : elle est volontaire et inclut des refus d’apporter les soins nécessaires ou de répondre aux besoins de la personne.
Négligence passive : elle résulte souvent d’un manque de compétences, d’informations ou de moyens et a pour conséquence une non prise en charge des besoins de la personne accompagnée. Il n’y a pas intention de nuire.
Découvrez ci-dessous en vidéo notre entretien avec Delphine Dupré-Lévêque, docteure en anthropologie et spécialiste des questions liées au vieillissement.
Signes d’Alerte à Surveiller
Les auxiliaires de vie doivent être vigilant(e)s aux signes de maltraitance, car certains signaux peuvent être subtils.
Voici les signaux d’alerte :
- Changements de comportement : peur, anxiété, repli sur soi, méfiance, en retrait ou tristesse.
- Signes physiques : ecchymoses, plaies, fractures, douleurs inexpliquées, perte de poids soudaine, lésion aux poignets ou chevilles.
- Dégradation de la santé mentale : confusion accrue, agressivité inhabituelle, symptômes de dépression, insomnie, perte d’appétit.
- Problèmes financiers : dépenses soudaines et inexpliquées, factures impayées.
Comment réagir face à la maltraitance en tant qu’auxiliaire de vie ?
Lorsque vous soupçonnez un cas de maltraitance, vous pouvez suivre ces étapes :
- Prendre du recul et évaluer la situation : observez attentivement les signes et discutez avec la personne pour comprendre ce qu’elle vit. Gardez à l’esprit que certaines situations nécessitent une intervention rapide.
- Documenter les observations. Notez les signes de maltraitance de manière précise et objective : date, heure, nature des observations. Ces documents pourront être utiles pour des professionnels de santé ou des autorités.
- Informer la famille et les professionnels : si la situation le permet, alertez les proches de la personne âgée ou un médecin. Il est essentiel de partager vos préoccupations avec discrétion, en veillant à ne pas créer de tensions.
- Signaler les cas graves : si la maltraitance est avérée et que la sécurité de la personne est menacée, contactez les autorités compétentes ou un service de signalement de la maltraitance. En France, le 3977 est une ligne dédiée pour signaler les abus envers les personnes âgées.
Les outils et ressources de soutien face à la maltraitance envers les personnes âgées
Le 3977 : le numéro à composer en cas de maltraitance avérée ou soupçonnée envers une personne âgée ou en situation de handicap.
Du lundi au vendredi de 9h à 19h – Servie gratuit + prix appel.

Prévention et sensibilisation au quotidien
La prévention repose sur la création d’une relation de confiance et l’observation attentive des comportements. Voici des pratiques qui aident à réduire le risque de maltraitance :
Établir une relation de confiance : écouter la personne, la respecter et lui donner un espace pour exprimer ses ressentis.
Encourager la transparence : donner des informations aux proches et signaler les changements.
Promouvoir l’autonomie : en adaptant les aides et en offrant des choix, les auxiliaires de vie contribuent à valoriser la dignité des personnes âgées.
La maltraitance envers le personnes âgées est un fléau contre lequel chaque auxiliaire de vie peut agir. En restant vigilant(e), en établissant une relation de confiance et en connaissant les démarches de signalement, vous jouez un rôle fondamental dans la protection et le respect des droits des personnes que vous accompagnez. Ensemble, nous pouvons bâtir un environnement sécurisant et bienveillant pour nos aînés.
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